Depuis mon message du 17 février qui marquait le passage du 123ème jour (soit environ la moitié de notre périple), le TEMPS s’est accéléré, sans grande surprise et nous avons abordé une seconde partie de notre voyage bien plus riche en émotions que nous n’aurions pu nous l’imaginer ...


Je nous vois encore le 13 octobre dernier sortir avec nos sacs par la porte-fenêtre de notre salon et nous engouffrer dans les voitures des copains pour l’aéroport de Genève. Je me rappelle si bien de la chaleur du soleil, des couleurs d’automne, des rires et de l’excitation qui nous entouraient. Pour nous trois, cela représentait le début d’une aventure intime importante compte tenu du contexte de notre rencontre. Nous nous donnions une chance unique de sceller des liens familiaux éternels, bien au-delà de la biologie et de la génétique.


En quittant la Nouvelle-Zélande, nous savions déjà que cette mission était réussie et nous sommes entrés le cœur léger dans une phase de transition polynésienne et pascale qui devait nous rapprocher de l’étape Antarctique tant attendue. Tant de beauté et de mystères à découvrir au pas de charge en deux semaines ! La Polynésie nous a émerveillés et donné envie d’y retourner. L’île de Pâques a comblé notre curiosité et surtout nos lacunes historiques quant à l’épopée de ces populations « océaniques » (jusqu’en NZ tout de même, sur des pirogues-catamarans de fortune ...).


Le voyage a vécu son premier moment émotionnel très fort lorsque nous avons retrouvé Papi, Julia et Mathieu à Buenos Aires. Nous avons tous versé des larmes de bonheur sincères en nous serrant très fort dans les bras des uns et des autres devant l’hôtel NH. Sophie et Julia heureuses de retrouver leur papounet chéri, Luca ravi de revoir son Papi avec qui il allait partager le gîte pendant deux semaines et si heureux de se jeter dans les bras de sa grande sœur qui n’attendait que cela, et moi particulièrement impatient de partager du TEMPS avec ma petite fille chérie ... et son futur mari. Avec le recul, je peux maintenant le dire, nous avons vécu avec Sophie à cet instant précis quelques minutes de bonheur très intenses, avec le sentiment un peu égoïste d’avoir su réunir ce petit monde à un moment important de notre aventure familiale. Il ne manquait que Philippe (et les deux grands-mamans naturellement !), mais nous savions que ce serait pour plus tard.


Cette première émotion n’était que le signe annonciateur d’une expérience unique que nous allions vivre sous les auspices bienveillants d’une constellation d’étoiles très bien alignées ... Comme vous l’avez certainement ressenti au travers du blog, l’Antarctique nous a tous bouleversés et nous avons pris un plaisir non dissimulé à partager ensemble ce rêve éveillé. Pour Sophie et moi-même, cette expérience a contribué à faire office de révélateur, de détonateur quant au sens à donner à notre vie en général, au-delà des évidences que sont l’amour et l’amitié.


A titre très personnel et au-delà de ces prises de conscience, ce qui m’a le plus touché restera la relation fraternelle si NATURELLE et joyeuse qui a animé Luca et Julia pendant ces deux semaines. Merci à ma fille d’ouvrir son cœur avec autant de générosité et merci à Luca de l’accepter avec autant de spontanéité. Pour le papa que je suis, cela fait chaud au cœur !


Les « au revoir » à Ushuaïa ont été beaucoup trop rapides et la bulle s’est dégonflée en une fraction de seconde. Esseulés au bout du monde, malades de surcroît, la période post-Antarctique a débuté de manière très difficile et le moral des troupes était au plus bas. Pour la première fois, nous avons commencé à aborder la question du retour et nous avons compris que le voyage était définitivement entré dans une phase moins empreinte d’insouciance. Pour Luca a débuté également le difficile apprentissage de la maîtrise des émotions et de la culture de l’optimisme, si utile dans la quête du bonheur. Unis dans cette vision de la vie, nous avons pris sur nous et lui avons apporté tout notre support dans ses moments de tristesse. Je dois ici saluer la joie (quasi) permanente de ma petite femme chérie qui me montre le chemin à suivre quand je lâche un peu prise ...


Après un début contrasté en Patagonie, le périple argentin n’a cessé de nous émerveiller davantage de jour en jour. Après l’expérience amusante (mais fatigante) du bus de nuit, la douce et chaleureuse Mendoza ainsi que la reprise de notre road trip en Chevrolet ont achevé de nous redonner la pêche. Et de l’énergie, il en a fallu pour profiter à fond de nos 9 jours de cheval (plus de 4h par jour !) et de pêche dans l’Estancia Don Joaquin. Un immense merci à Angie, Diego et leurs deux fils pour les journées de rêve qu’ils nous concoctées avec l’aide de leurs formidables gauchos ! Et félicitations à Luca « Gauchito » pour sa maîtrise du galop et du lasso !!!


La découverte du Nord de l’Argentine, avec ses airs colorés de hauts plateaux andins recouverts d’immenses cactus, nous ont définitivement conquis, avec un moral au beau fixe dans l’expectative de l’arrivée de Philippe et du programme de dingue que notre ami Jean-Marc Ludi (Lutry Voyages) nous a préparé en Bolivie et au Pérou. Les retrouvailles avec Philippe à Salta ont été magnifiques et très touchantes. Compagnons de chambre pour 5 semaines, la symbiose avec Luca a été immédiate et Philippe, avec sa bonne humeur spontanée, a su entrer immédiatement dans notre petit cercle. Il faut dire que nous ne lui avons pas vraiment laissé le choix. Le lendemain en effet, départ pour le désert d’Atacama avec un passage en bus de la douane chilienne à plus de 4’774 mètres !


Nous sommes le 23 avril 2019 et nous avons quitté la Suisse depuis exactement 200 JOURS. Nous prenons pleinement conscience avec Sophie que samedi dernier s’est terminé un voyage dans le voyage, celui de notre épopée à TROIS autour du monde. En effet, en quelques secondes à l’aéroport de Salta, nous sommes devenus QUATRE ... Nous remercions la vie de nous avoir offert cette fantastique opportunité et nous réjouissons d’expérimenter cette nouvelle dynamique familiale !


Que le TEMPS passe vite ! Je vais maintenant m’employer à profiter à fond de celui qui nous reste avec mes DEUX fils, ce merveilleux cadeau que la vie m’a offert depuis ma rencontre avec Sophie !