Jeudi matin, départ de San Pedro de Atacama tôt, 7h00, avec le bus qui vient nous chercher à l’hôtel pour nous amener à la frontière de la Bolivie.

Nous quittons la ville et nous sommes stoppés à un poste de contrôle, la route reliant la Bolivie et le Chili étant fermée pendant la nuit. 1h plus tard, on peut enfin repartir pour entamer notre montée vers les cols. Nous appréhendons tous l’altitude et espérons vivement que tout ira bien.

Arrivés au poste frontière, nous revoilà à attendre, cette fois parce qu’il y a beaucoup d’autres bus et que les formalités douanières prennent du temps. On repart et quelques kilomètres plus loin, notre guide bolivien et son véhicule nous attendent.

Nous sommes semble-t-il un peu en retard sur le planning, normal dans ces pays. Première rencontre avec Santos qui va nous accompagner et nous piloter durant ces 5 premiers jours, jusqu’à Uyuni. Après les formalités d’entrée en Bolivie (4’400m), nous prenons place dans notre 4x4 et En Route Lulu ... Nous découvrons au fil des minutes et des heures de voiture un paysage fantastique, des déclinaisons de couleurs juste incroyables.

Après plus de 6 mois de voyage et après avoir vécu des moments très forts, notamment en Antarctique, je crois qu’on peut dire que cela commence bien et que nous sentons les prémices des sensations fortes qui s’annoncent. Le challenge du jour est de supporter l’altitude ... nous sommes légèrement inquiets. Sur conseil de Santos, nous goûtons les feuilles de coca qui aident justement à éviter ce mal pernicieux. Nous nous dirigeons dans la région du Sud-Lipez, où nous découvrons deux lacs, Laguna Blanca et Laguna Verde, qui ont effectivement deux couleurs bien différentes. Ces étendues d’eau au pied du volcan Licancabur sont vraiment de toute beauté et nous n’en sommes qu’au début. Un peu plus loin, nous voilà dans le désert de DALI, appelé ainsi dû à ses paysages surnaturels dont le célèbre peintre s’est certainement inspiré. Il est vrai qu’on se croirait dans un tableau ...

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Nous nous arrêtons pour manger à côté d’un autre lac, Laguna Chalviri. Le déjeuner a été préparé par notre guide, c’est très simple et absolument délicieux. Nous avons une table dans un «restaurant» où nous devons acheter les boissons et ne pas traîner parce que les tables sont très prisées pour les autres touristes. 

Notre prochain arrêt nous permet d’admirer des geysers et autres boues bouillantes. Puis, nous devons franchir un col à près de 5000m (pour le moment tout va bien, un léger mal de tête, mais rien d’autre) avant d’arriver au lac des couleurs, Laguna Colorada, qui nous subjugue.

Avec le soleil, on peut voir le reflet parfait des montagnes dans l’eau, c’est totalement bluffant, et les couleurs sont incroyables. Il y a également une colonie de flamants roses, magique.

Notre dernier arrêt se fait vers l’arbre de pierre, une formation géomorphologue qui se trouve dans le désert de Siloli, près de notre hôtel pour la nuit, à 4’500m d’altitude ! Comme nous sommes dans le désert, nous sommes vraiment au milieu de rien, mais heureusement notre hôtel est tout à fait charmant dans sa simplicité. Le soleil décline et le froid débarque immédiatement. Nous découvrons une chambre familiale où nous dormons les quatre. Après une douche plus ou moins chaude et après avoir vainement tenté de se connecter au wifi au coin du feu (exceptionnel), nous mangeons avec Santos. Le mal de tête se fait un peu plus persistant, nous buvons beaucoup d’eau et décidons d’aller nous coucher. Réveil à 6h30.


Vendredi, j’ouvre un œil, il fait encore nuit, j’ai pas extrêmement bien dormi et je sens que mon mal de tête est toujours là. Il s’est même amplifié durant la nuit, me prenant maintenant toute la tête et tirant dans la nuque 😢Ce n’est pas bon signe ...

Du côté de Philou et Stéphane ça bouge aussi beaucoup, par contre du côté de Lulu aucun mouvement, il dort du sommeil du juste.

Bref, ma matinée commence très mal, je décide de prendre un contre-douleur. Je me lève péniblement, il fait froid, je vais le chercher et bois de l’eau, essayant de m’hydrater au maximum. Je me recouche, mais pas longtemps ... je suis nauséeuse et sens qu’il va falloir que je bouge vite 🤮 C’est atroce, maux de tête, de nuque, en bref, une vraie migraine avec vomissements 👍🏻👍🏻 Steph se dépêche d’aller à la réception et revient avec un anti-vomitif. Lorsque je sors de ma chambre pour le petit déjeuner, le guide et la fille de la réception me donnent de l’oxygène, ce qui devrait atténuer les maux de tête ...


Heureusement, mes hommes sont là pour s’occuper de tout. Phil et Lulu s’occupent du petit déj. Ce petit bout d’homme tellement inquiet pour sa maman, qui lui prépare un thé au coca, vient vers elle tout triste et si attentionné, c’est trop joli et si touchant. Impossible d’avaler grand-chose, mis à part deux biscottes. C’est certain, la route va être longue. Nous partons, je monte dans la voiture, m’installe avec mon coussin de voyage et replonge rapidement dans un demi-sommeil. Après un dafalgan et un anti-inflammatoire, je commence à aller mieux, mais ne tiens pas encore les yeux ouverts. Je rate une bonne partie du paysage, dont une espèce de canyon Llrsque j’ouvre un œil, je vois le 4x4 méchamment penché, je referme vite les yeux, préférant ne rien voir 🙂 Je repars vers d’autres horizons. Au bout de ce qui me paraît une éternité, je sors doucement mon état léthargique et commence doucement à profiter du paysage.

Nous faisons la route du désert de Siloli. On voit à nouveau des lacs avec des colonies de flamants roses, des lamas, et tout ça au milieu de montagnes de multiple couleurs. Nous pique-niquons au milieu de nulle part et avons la visite d’une sorte de lapin, la biscechta.

Nous reprenons la route et passons sur le salar de Chiguna, beaucoup plus petit que celui de Uyuni, mais déjà énorme. Il est traversé par la voie ferrée qui relie Uyuni à la frontière chilienne, un train par semaine le samedi.

Avant d’arriver à San Pedro de Quemez, nous croisons le chemin d’un petit tatou, première fois de notre vie que nous voyons un tel animal. La journée se finit mieux qu’elle n’a commencé 👍🏻😀😀 On se pose à l’hôtel, une petite douche chaude, un bon repas et on se couche. Une bonne nuit nous fera le plus grand bien. Demain, ascension d’un volcan de soufre. 


Samedi, la nuit a été bien meilleure que la précédente, mais déjà une petite pincée dans la nuque se fait ressentir 😬 Lever à 5h30, petit déj. à 6h00 et départ à 6h30 pour notre ascension du volcan Iruputuncu. Comme ici tout se paye, nous avons déjà 2h de piste avant d’arriver au pied du volcan, à quelques mètres de la frontière chilienne, à 4465m.

Premier objectif 4’950m, le cratère du volcan. On démarre doucement, la pente est déjà raide. Cette première montée va durer 2h, petit pas par petit pas, Santos devant avec Phil et Lulu, Steph et moi fermons la marche. C’est rude, le mal de têt revient doucement à la charge, surtout lorsque je ne marche pas. Ce qui me rassure, c’est que tout le monde a une barre au dessus des yeux.

Par contre, le panorama est exceptionnel et rien que pour ça le «jeu» en vaut la chandelle. Nous faisons souvent des petites pauses, une gorgée d’eau, un peu de sucre, des feuilles de coca à mâcher, c’est éprouvant. On sent bien les jambes, il nous faut respirer profondément et lentement. Mais mine de rien, nous gravissons ce volcan 😀😀

Arrivés à la hauteur du cratère, l’odeur du soufre est très forte. Les fumerolles, avec le vent, sont dirigées vers nous. Ça pue méchamment et ça nous brûle la gorge, le nez et les yeux. On ne reste évidemment pas longtemps au bord du cratère, juste le temps de faire des photos. C’est tellement irréel d’être là au pied de ce cratère d’un jaune tellement lumineux, virant même au orange. Une pause plus longue pour se booster en mangeant un bout de Toblerone 😀, un peu d’eau et on s’encourage pour aller de l’avant, pour passer cette barre des 5’000m !

Nous n’en avons pas fini avec notre ascension, le deuxième objectif est de monter au sommet, soit à 5150 mètres. J’ai un petit peu la tête qui tourne en étant assise, mais cela passe. Je sens bien que mon Lulu a envie de jeter l’éponge, plutôt par inquiétude que parce qu’il n’en peut plus ... c’est pourquoi je ne dois pas abdiquer. Je vais le faire en tout premier pour lui et après pour moi. A ce moment là, tout se joue dans la tête. A ce moment, Philou Prned les choses en mains et emmène Lulu dans son sillage ... Il nous reste une heure d’ascension ...

Cette fois, c’est encore plus raide et très sableux. Les premiers mètres sont atroces, on glisse dans le sable, il faut s’aider des mains. A cet instant précis, je me dis que si c’est comme ça jusqu’en haut, ça ne va pas le faire du tout. Mais heureusement, quelques mètres plus haut, un petit chemin s’offre à nous cela devient plus facile, même si cela reste tout de même rude. On souffre ... un pas, puis un autre ... une profonde respiration, une petite pause, un pas, etc ... pour finalement y arriver. Il est 12h15 et nous sommes complètement subjugués par cette hauteur et ce cirque de montagne devant nous.

Les garçons ont fini la montée comme des chamois, Luca en tête, voulant être le premier en haut. Les voir ensemble solidaires, pouvant même discuter lors de cette ascension, avec Philippe prenant son rôle de grand frère et de coach mental à cœur 😉 et ce petit Lulu faire un exploit, ce n’est que du bonheur et une très grande fierté. Nous sommes très très fiers de nos fils.

Ça souffle très fort, on fait des photos et nous ne restons pas trop longtemps, car à 5’150 mètres, même  avec le soleil, ça caille 🤣🤣

On entame la descente jusqu’en dessous du cratère pour pique-niquer. Le mal de tête se fait plus insistant, je n’ai pas très faim, du coup je mange la moitié de mon sandwich et une pomme. Je dois puiser dans mes ressources, l’effort est difficile. Mais nous sommes tellement contents d’être allé jusqu’en haut, de s’être dépassé.

Mais ce n’est pas fini et il faut encore entamer la descente, cette fois droit en bas ... 😬 La pente est très, mais très raide et en plus très sablonneuse, avec en prime des cailloux. Il faut descendre très doucement et avec beaucoup de précaution. On mettra 1h20. Nous sommes rétamés en arrivant à la voiture. Je n’en peux plus et en plus le mal de tête est encore plus fort. Nous avons encore plus de deux heures de route pour rentrer, c’est interminable avec en plus les secousses sur de la piste. Je m’endors un moment. Heureusement, ça fait passer le temps, mais le mal est toujours là, tout le monde se tait et somnole. On est tous cuits et n’attendons plus qu’une chose, arriver à l’hôtel. En arrivant, je demande un peu d’oxygène, histoire de m’aider à aller mieux, puis je vais me coucher. Steph m’aide et me donne un contre-douleur. Une heure plus tard, j’émerge doucement et je peux aller prendre une douche chaude. Ça a été l’effort le plus difficile de ma vie, plus de 5h d’effort à une altitude où nous n'étions jamais allés et sous un soleil de plomb. Je suis très heureuse et fière de l’avoir fait et d’être allée jusqu’au bout, avec mon Bison chéri et nos deux garçons. BRAVO LES GARS, RESPECT. C’est un monstrueux exploit pour l’année de mes 50 ans !!!