Je me souviens du jour de notre départ comme si c’était hier. Une grande fatigue accumulée au fil des dernière semaines, des derniers mois, des dernières années. Une excitation mêlée d’une légère angoisse avant de se lancer dans une aventure aussi longue et extraordinaire. Et également beaucoup d’émotions à gérer les derniers jours avec les “au revoir” à la famille et aux amis.


Une fois dans l’avion, j’ai vraiment commencé à réaliser qu’on partait pour longtemps, très longtemps. J’ai goûté ce moment en imaginant que nous allions avoir le TEMPS de partager, de découvrir, de nous reposer, de nous faire du bien. Et en effet, dès cet instant, nous ne nous sommes plus quittés les 3 d’une semelle et nous n’avons cessé de découvrir d’autres mondes, d’autres couleurs, d’autres senteurs et d’autres réalités. Quant au repos et au bien-être, ce fut un processus moins immédiat, plus progressif, mails il a abouti et après 4 mois, nous sommes tous les 3 en pleine forme !


Lorsque l’on part à trois pour une aussi longue période loin de chez soi, le mot VOYAGE prend tout son sens. Un voyage INTERIEUR tout d’abord, avec la chance exceptionnelle de pouvoir lire, penser, réfléchir, faire le point sur sa vie passée et future. Un voyage dans l’ESPACE, hors des frontières de notre minuscule et merveilleuse Suisse, et dans le TEMPS, en essayant de le réduire au maximum à l’instant présent, sans trop regarder sa montre et sans se soucier du programme du lendemain. Et enfin, un voyage vers les AUTRES, au sein de notre petite cellule familiale pour commencer et ensuite dans l’immensité du monde qui nous entoure.


A part le stop de 9 jours en Thaïlande, les 5 premières semaines ont été très intenses et nous n’avons pas eu beaucoup l’occasion de pendre le recul nécessaire sur les moments exceptionnels que nous vivions. Il fallait enchaîner les déplacements tout en assurant le suivi de notre petite logistique et la surveillance de Luca. Nous en avons pris plein la figure au Bhoutan, le coup cœur unanime de ces 4 premiers mois. La Thaïlande touristique de Phuket ne nous a pas emballés, la Malaisie fut trop furtive à travers le folklore de notre Orient-Express et l’étape de Singapour trop courte pour gratter l’apparence très superficielle de cette ville-état miraculée au milieu de cette Asie si diverse et chaotique.


En arrivant à Perth, nous avons vraiment eu l’impression de franchir une étape et de passer dans un autre monde. Je ne sais pas si le fait de se retrouver dans l’hémisphère Sud, down under, à un réel effet sur notre corps, notre métabolisme, mais il est évident qu’un voyage dans le voyage a débuté en Australie. En plus, nous savions que la véritable aventure, différente des voyages touristiques propres aux “vacances”, était en train de commencer et nous nous réjouissions déjà de prendre possession d’Apollo 1 à Darwin et d’Apollo 2 à Christchurch. Perth et Fremantle, avec leurs hordes de mouches envahissantes, nous ont donc permis de prendre la température de ces mondes colonisés anglo-saxons qui ont choisi de ne pas courir à tout prix après le luxe et la richesse. Le mot d’ordre en Australie, “amazing”, en Nouvelle-Zélande, “cool”.


Après plus de 3 mois à avoir sillonné AUS et NZ, nous avons vraiment le sentiment de nous y être trempés et de mieux les comprendre. Ils sont les deux bien loin de l’idée que nous nous en faisions. Le mode de vie y est resté très simple pour la grande majorité des habitants. Compte tenu des espaces à disposition, les Aussies, très serviables, trouvent leur bonheur dans les longues chevauchées en camping-car, agrémentées de bières bien fraîches dans les camping visités. Les Kiwis, plus réservés et moins accueillants, sont plus sédentaires. Dans les deux pays, beaucoup de petits villages, peu de villes et un rapport à la fête et à l’alcool en particulier beaucoup plus raisonnable que dans le reste du monde, presque trop à notre goût ... L’économie dépendant principalement du tourisme, l’organisation des centres d’information est remarquable et chaque opportunité est saisie pour en faire une attraction “amazing” ou “cool”. Une sorte de parc d’attraction géant en pleine nature. Cette nature et cette faune (unique au monde), nous les avons admirées et adorées, elles nous ont remplis de bonheur !


Pendant ces trois mois dans notre maison roulante, nous avons réalisé à chaque instant la chance d’avoir du TEMPS devant nous et une liberté quotidienne d’évoluer dans un ESPACE immense, à notre rythme. Nous nous sentons reposés de l’intérieur, simplement satisfaits des jours qui passent, sans stress et sans manquer du confort parfois superflu que nous offre notre vie formidable en Suisse. Sans grande surprise, nous découvrons que seuls la famille et les amis nous manquent beaucoup. L’amour et l’amitié, les vrais moteurs de notre bonheur !


Et maintenant, cap sur de nouvelles aventures, de nouvelles découvertes, avec le sentiment que nous sommes plus proches du retour que du départ ...