Mardi 05.03 / Passage de Drake

La première nuit est un peu difficile, ça bouge beaucoup 🥴 À part Luca qui partage la cabine de Papi, nous dormons mal, avec la sensation de ne pas dormir du tout. On se réveille tôt (sans mal de mer !) avec un très joli lever de soleil que nous pouvons apercevoir de notre cabine. Mardi est un jour de navigation en plein océan, dans ce fameux passage de Drake tant redouté des navigateurs. L’équipe Quark nous occupe avec la distribution des parkas, quelques conférences sur les diverses espèces d’oiseaux en Antarctique, sur les glaces (pas celles qu’on mange bien évidemment ...), un brin d’histoire, les baleines, les phoques, les manchots (PAS DES PINGOUINS) et également un briefing de sécurité sur nos sorties en zodiaque ! Tellement cool (même si Papi a un eu de peine avec son oreillette pour la traduction simultanée en français ...) !

Malgré quelques heures sur le pont (bien emmitouflés) à admirer les albatros et autres pétrels qui suivent le bateau, nous sommes un peu dans le coltard et avons tendance à piquer souvent du nez. Cela est certainement dû aux médocs et un peu au voyage, changements d’heures, changements de températures, bref à beaucoup d’éléments extérieurs indépendants de notre volonté. Nous avons maintenant reçu également nos bottes d’explorateurs ainsi que les consignes pour nos prochaines sorties en zodiac. Nous sommes au taquet, prêts à sortir et à découvrir le 7ème continent (on y reviendra plus tard ...) 😉👍🏻

Mercredi 06.03 / Arrivée en Antarctique

En se levant ce matin, Laurie (cheffe d’expédition) nous annonce à la radio de bord que nous allons entrer officiellement à 10h00 dans les eaux territoriales de l’Antarctique (eaux et continent protégés par un traité international en vigueur jusqu’en 2048). Nous prenons notre petit-déjeuner en compagnie de deux australiennes (Kelly et Chantal) un peu fofolles et à 10h00, tous sur le pont avec nos bonnets et parkas. Il fait gris, il neigeotte, Laurie, sur le pont supérieur, nous annonce avec un grand sourire que nous avons passé la zone de convergence des eaux des deux océans voisins (pacifique sud et antarctique) qui détermine la frontière des eaux territoriales de l’Antarctique. On y est, très émus, et tout le monde trinque à ce premier accomplissement. Concrètement, encore rien de plus que la mer à perte de vue, si ce n’est le roulis qui diminue sensiblement à l’approche des première îles au large du continent.

A 14h00, nous apercevons au loin notre premier iceberg, très impressionnant. A 16h30, le staff a descendu les zodiacs et nous sommes donc prêts à découvrir cette immensité qu’est l’Antarctique sur nos petites embarcations. Le temps est couvert, le vent a faibli et il ne neige plus. Nous passons plus d’une heure à observer les icebergs et les quelques otaries à fourrure qui se prélassent sur certains. Nous avons la chance d’avoir comme premier pilote Nolwenn, un des guides francophones, docteur en glaciologie. Wouahhh, c’est juste trop cool, on apprend plein de choses et on en prend plein les yeux, même s’il fait un peu froid tout de même (surtout les mains avec nos petits gants de randonnée). C’est beau et très impressionnant, c’est même très beau et très très impressionnant ... Au briefing du soir, Laurie nous annonce que nous avons une fenêtre météo exceptionnelle de 3 jours devant nous et qu’elle a décidé, en accord avec le capitaine Oleg, de foncer pendant la nuit vers le Cercle polaire que nous passerons donc demain matin si tout va bien ...

Jeudi 07.03 / Passage du Cercle Polaire = 66°33’4’’S

Jeudi matin, en ouvrant les rideaux de notre cabine, on peut apercevoir un énorme iceberg devant nous. Il n’est pas tout proche, mais à distance suffisante pour qu’on le voie correctement. Comme nous voguons doucement devant lui, j’ai le temps de sauter dans mes habits pour aller prendre des photos. En arrivant sur le pont arrière, je me rends compte que nous sommes au milieu de la banquise (eau de mer gelée) et des icebergs (morceaux de glaciers détachés). C’est énorme, il y a des gros glacons 🤪🥴🤣 partout autour de nous et quelques icebergs énormes. On voit aussi des phoques se «dorer» la pilule !! ... difficile de décrire avec des mots tellement c’est beau. L’effervescence se ressent dans le bateau. Nous allons déjeuner et on annonce à la radio que nous allons bientôt passer le Cercle polaire, latitude extrême de 66°33’4’’S au Sud de notre planète, que seuls une poignée de privilégiés ont eu la chance de franchir ... complètement dingue ! On nous organise à nouveau une coupe de champagne sur le pont arrière et normalement le capitaine doit enclencher une sirène au moment de notre passage, mais, manque de bol, elle est gelée ... C’est un peu comme si nous faisions ensemble le compte à rebours du nouvel-an. Contrairement à notre expérience australienne, l’ambiance est clairement à la fête, musique, coupettes et photos pour immortaliser ce passage mythique. On y est ! Nous sommes passés au-delà du cercle polaire. Steph immortalise le moment en simulant une activité de vélo sur sa Garmin connectée GPS ... juste pour la gloire ...

Le bateau continue sa route, mais doit changer ses plans puisque le tracé choisi est bloqué par la glace. Ni une ni deux, sous un merveilleux soleil et dans une mer d’huile, ils nous organisent un “sea jumping”, plongeon / saut dans la mer en costume de bain (oui, oui, sans combi !) ... wouahhh, c’est très très froid 🥶🥶 Mis à part papi et moi et une bonne moité des passagers, ils ont tous sauté, Julia, Mathieu, Steph et même ... Lulu !!! Quel courage et quel exploit, peut-être même un record (à vérifier, sachant qu’il est le plus jeune passager de mémoire du staff et que normalement ce genre d’activité n’est jamais organisée sous le Cercle polaire ...). Malgré le temps idéal, la température extérieure était de -2% et l’eau à -1%. Oui ! Compte tenu du sel, l’eau de mer ne devient banquise qu’à partir de -1,8 degrés ... On félicite nos plongeurs de l’extrême qui ont osé se lancer.

Cet après-midi, vu que nous avons dû changer les plans, nous sortons à nouveau en zodiac, sans pouvoir encore mettre le pied à terre (ou sur la neige / glace, c’est selon). Départ cette fois avec Pauline (l’épouse de Nolwenn), notre guide. Nous avons le droit à une magnifique sortie, le soleil étant toujours de la partie. La chance nous sourit encore puisque nous pouvons observer les espèces d’oiseaux vivant le plus au Sud de la planète, des pétrels des neiges (blanches et délicates) et des océanites de Wilson (noires et très agiles), qui sont de surcroît les plus petits oiseaux de l’Antarctique. Nous slalomons entre les morceaux de glaces et allons d’une banquise à l’autre pour observer les phoques crabiers. C’est complément fou, je dois me pincer pour être certaine que c’est bien moi, que je ne suis pas dans un rêve et que je suis là, dans la vraie vie ! Inimaginable !

La cheffe d’expédition, Laurie, et Basheer, barman en chef, nous réservent une surprise et nous attendent sur un morceau de banquise où ils ont organisé un bar improvisé pour nour servir des chocolats chauds au baleys 😋 Pauline accoste avec notre zodiac et nous posons officiellement le pied sur ce morceau de continent ... détaché ! L’émotion est à son comble, nous n’en revenons pas. Steph s’écroule en hurlant, les bras en croix, face contre le ciel, et je crois bien que sous ses lunettes noires, il pleure. On a même l’occasion d’immortaliser l’évènement devant un panneau qui confirme notre position au-delà du Cercle polaire 🤣🤣 Juste dingue. Après 15 minutes de bonheur indicible, on repart en zodiac pour continuer la découverte de cet endroit absolument irréel ! Ce que nous avons la chance de vivre à ce moment-là est au-delà de tout ce que l’on a pu s’imaginer avant de venir. Incroyable, indescriptible.

Mais notre chance ne s’arrête pas là ... Au briefing du soir, Laurie nous annonce que le Capitaine Oleg a décidé de poursuivre le plaisir plus au Sud en profitant de cette fenêtre météo exceptionnelle. L’objectif est d’explorer un région que même les membres de l’expédition n’ont encore jamais eu la chance de découvrir à cause des tempêtes ou de l’emprise de la glace de mer. D’ailleurs, suspense, nous ne saurons qu’en y arrivant demain matin si la banquise permettra à notre Ocean Diamond d’atteindre le rivage ...